lunedì 4 giugno 2018

Volvo Ocean Race - Peter Burling : "On a maintenant une chance de gagner."


En course pour la victoire finale à bord de Team Brunel, Peter Burling, Néo-zélandais de 27 ans déjà médaillé d'Or Olympique en 49er et vainqueur de la dernière Coupe de l'America pourrait être le premier marin à remporter le triplé historique ! Avec son équipe aux couleurs néerlandaises, il vient d'enchaîner deux victoires et une deuxième place lors des trois dernières étapes, et n'est plus qu'à trois points du leader Dongfeng Race Team. 
Nous avons échangé avec Pete sur cette dernière étape transatlantique, sur le retour de Brunel dans la course à la victoire finale, sur son expérience jusqu'à aujourd'hui et ce que la Volvo Ocean Race lui a appris, sans oublier son avenir...

Cette arrivée à Cardiff n’aurait pas pu mieux se dérouler pour Team Brunel, vous aviez un objectif, qui a été pleinement atteint. Peux-tu nous parler de cette neuvième étape ?
C’était une étape assez difficile honnêtement, avec toutes les conditions imaginables. Andrew Cape [navigateur de Team Brunel] l’a comparée à un tour du monde résumé en une transatlantique… Les eaux froides remplies d’icebergs, avec une eau à zéro degré, les conditions les plus rapides depuis le début de la course - avec AkzoNobel qui fait plus de 600 milles nautiques en un jour - mais aussi une navigation très compliquée à la fin. Pour nous cette étape a été extrêmement intense ; je pense que 90% du temps on pouvait voir un autre bateau sur AIS. Il me semble que le plus éloigné qu’on ait été avec AkzoNobel a été 14 milles nautiques… Et dans ces cas là, la moindre erreur se voit tout de suite.
Tout est plus intense. Si tu pousses un peu plus fort, tu en vois les bénéfices instantanément ! En voyant comment certains marins étaient exténués quand on est arrivé, tu réalises à quel point on a poussé, surtout lors des derniers jours, pour conserver la première place. On était tous fatigué, mais finalement, avec un peu de recul, on avait tous conscience qu’on devait remporter cette étape pour conserver notre chance de gagner à la fin. Le fait de nous retrouver à quelques points seulement des premiers rend la fin de course tellement plus palpitante, puisqu’on a maintenant une chance de gagner !
Est-ce que tu as été surpris du peu de distance entre les bateaux ? Vous sembliez ne pas réussir à vous détacher d’AkzoNobel…
Normalement lors des autres étapes, tu as des moments où le bateau le plus proche est à 50 milles nautiques, comme celles du Sud par exemple… Donc tu pousses le bateau bien entendu, mais tu n’en vois pas les bénéfices instantanément, puisqu’on reçoit les reports de positions toutes les 6 heures. Disons que c’est un petit peu plus ‘relax’ à bord.
Cette étape particulièrement s'est jouée entre nous et AkzoNobel seulement, on a navigué de la même manière, on avait les mêmes vitesses. Ils ont battu le record, à un moment où on n’a pas réussi à les suivre… Mais mis à part ça on a été au contact voire devant eux. Ça a été un peu déprimant lorsqu’ils sont passés devant nous à 10 milles de l’arrivée… mais on a réussi à repasser devant et gagner !

Vous êtes clairement l’équipe en forme, c’est comme si tout ce que vous touchiez se transformait en or… comment tu l’expliques ?
C’est vrai que lorsqu’on compare avec le début de la course… on réalise à quel point on naviguait mal pour être honnête ! On s’est vraiment amélioré ! Quand tu vois des mecs comme Bouwe ou Capey, ils ont fait plus de tours du monde que n’importe qui. Mais quand tu regardes le reste de l’équipe, on est cinq à avoir moins de 30 ans, jeunes et inexpérimentés en course au large. Je pense que tout le monde a trouvé sa manière de donner le meilleur de soi au sein de l’équipe, ce qui fait qu’on devient meilleur en tant que groupe. À chaque fois qu’on va naviguer, on fait des progrès assez significatifs, et je pense que ce n’est pas le cas des autres équipes.
Personnellement, c’est ma première course au large, et je continue de comprendre ce que ça te prend de gagner ou perdre, et je pense que c’est la même chose pour beaucoup d’entre nous à bord.
Toi qui n’avais pas beaucoup navigué sur un Volvo Ocean 65, combien de temps as-tu mis à comprendre le bateau, et à te sentir à l’aise ?
Probablement la moitié de la course [rires], mais tu continues d’en apprendre tout le temps, tu as juste une meilleure compréhension de pourquoi le bateau avance ou pas. Par exemple lors de la dernière étape, on ne pouvait pas uniquement nous fier aux chiffres qu’on voyait affichés sur le mât, on y est allé beaucoup plus au feeling. C’est l’un des points sur lesquels on a beaucoup progressé : comprendre quand on est performant ou non, et ne pas stresser trop lorsque ça ne va pas dans notre sens, en voulant tout changer etc.
Mais aussi au niveau des réglages… puisque tout le monde fait les choses différemment. Je suis certain que si tu demandais à n’importe quelle équipe de refaire l’une des premières étapes, ils amélioreraient leurs performances d’au moins un jour…
On fait avancer le bateau beaucoup plus vite qu’au début, tout le monde fait les changements de voiles beaucoup plus vite qu’au début, tout est beaucoup plus efficace ! On essaie de conserver la courbe d’apprentissage la plus inclinée possible.
Peux-tu nous faire un point sur ton expérience de la Volvo Ocean Race et tout ce qui va avec ?
Je trouve ça assez drôle, tout le monde répète que c’est mentalement et physiquement éprouvant… Mais à quoi d’autre s’attendre quand tu signes pour y participer ?! C’est une course autour du monde. L’une des plus extrêmes !
C’est la raison pour laquelle on est là, pour pousser le bateau le plus possible 24h/24 ! Je pense que si tu arrives à terre et qu’il te reste de l’énergie, alors il y a quelque chose qui cloche ! Du moins c’est notre approche, pousser le bateau le plus possible lorsqu’on est en mer, tout en s’assurant qu’on reste en sécurité, c’est toujours dans un coin de ta tête !
Il y a quelque chose d’unique à propos de ces bateaux, ils sont construits différemment, très solides. La plupart des bateaux, si tu les poussais aussi fort que ce qu’on fait avec ceux-là, tu verrais des pièces voler tout le temps, et il faudrait mettre le pied sur le frein - je pense que tout le monde est en train de trouver les limites de ce qu’il est possible de faire avec ces bateaux.

Au vu de votre position actuelle, est-ce que tu sens que la prochaine étape est décisive ?
Il faut qu’on gagne ! On a eu de mauvais résultats avant, mais le fait d’avoir été capable d’enchaîner trois bonnes étapes consécutives, et de gagner les deux dernières qui comptaient double est la seule chose qu’on pouvait faire pour nous remettre en course pour la victoire. J’espère qu’on va pouvoir garder la même dynamique et continuer de nous améliorer pour être en position de gagner lors de cette dernière étape vers La Haye !
On doit battre les deux bateaux rouges une nouvelle fois, et gagner la prochaine, car quiconque la remporte sera en très bonne position pour la victoire finale !
Post Volvo Ocean Race, tu auras un autre job, qui est de conserver l’America’s Cup. Qu’est-ce que tu as appris ces derniers mois, qui t’aidera dans ce nouvel objectif ?
Je trouve cette question difficile, qu’est ce que tu as appris ? C’est difficile de donner des éléments précis…
Plus tu as de l’expérience, plus tu t’imposes de nouveaux challenges, et meilleur tu deviens. C’est la raison pour laquelle on touche à plusieurs domaines de notre sport, pour tirer le meilleur de toi-même, tout en t’éclatant ! J’ai vu des Océans que je n’aurais jamais vu autrement, dans les endroits les plus extrêmes de la planète. Ça a été une expérience incroyable, et longue ! Dans cette course on fait deux fois plus de milles que sur un Vendée Globe ou un Jules Verne, puisqu’on descend et remonte au niveau de l’Asie… C’est presque deux tours du monde au final, donc oui je pense que tu deviens un meilleur marin !
J’ai toujours voulu faire de la course au large, j’en étais fan étant plus jeune, et l’unique moyen de te faire une expérience est d’embarquer à bord comme ce que je viens de faire. J’ai vraiment apprécié apprendre sur cette autre facette du sport. Il y a beaucoup de similarités avec mes expériences passées, en dériveur, sur les Jeux Oympiques ou même sur la coupe.
Lesquelles ?
Les mêmes choses. Si tu veux gagner une course de bateaux, tu dois être plus rapide que les autres, tu dois prendre un bon départ, tu dois placer le bateau au bon endroit. Sauf que là tu dois garder la même intensité tout du long. Je pense que la seule différence est que tu te focalises beaucoup plus sur les fichiers météo pour prendre des décisions sur le long terme.
Sur le plan personnel aussi puisque c’est très long… Tu dois trouver le moyen de donner le meilleur de toi-même, en gérant le sommeil, en connaissant tes limites, tout en t’assurant que ton esprit continue de fonctionner correctement…

Par exemple, c’était assez intéressant lors de la dernière étape du Grand Sud. On avait Thomas Rouxel à bord, qui a fait beaucoup de courses au large, et je pense que beaucoup d’entre nous avons été super impressionnés du peu de sommeil dont il avait besoin ! On le voyait et on était là ’Non non… On ne peut pas le suivre’ [rires].
On est tous différent sur ce point, et ça a été une partie passionnante pour moi : de découvrir cet aspect du sport, tout en essayant de devenir un bon marin de course au large et je sens que je commence à y arriver, en contribuant de plus en plus à l’équipe et en les aidant à enchaîner les bons résultats.

Tu te verrais faire un Vendée Globe un jour ?
Pour être honnête, la navigation en solo me semble un peu plus extrême… 75 jours sur un bateau tout seul, c’est assez incroyable ! À l’heure actuelle, je préférerais faire des projets en équipage, comme des records par exemple, qui sont massifs en France. C’est un aspect de notre sport qui est vraiment cool, des bateaux gigantesques qui foncent autour du monde à des vitesses hallucinantes. En plus ça me semble beaucoup plus confortable que ce qu’on fait, du moins plus sec !
Je vais privilégier l’In-shore après la course, mais il ne faut jamais fermer de portes, il faut voir ce qui te garde motivé, mais oui j’aime bien les nouveaux challenges, donc ça pourrait être une possibilité…

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