Avec
l’arrivée d’Hugues Chollet, dernier des concurrents de la Mini Transat à
rallier Pointe-à-Pitre, l’édition 2013 a laissé tomber le rideau sur
une équipée qui devrait rester dans les annales de la course. Entre
coups de théâtres, portes météo qui claquent, bonheurs des uns et
désillusions des autres, elle laissera des traces dans les mémoires.
Pour son
retour en Bretagne après 12 ans d’escapade rochelaise, la Mini Transat
aura joué sur les contrastes. Si les semaines qui ont précédé le départ
théorique de la course ont été marquées sous le signe de l’été indien,
la brusque dégradation des conditions météo sur la pointe nord-ouest de
l’Espagne a provoqué le plus grande retard jamais pris dans
l’organisation d’une course au large, puisque ce n’est que le 29
octobre, soit seize jours après la date pressentie à l’origine que la
course peut prendre son élan.
De Gijon à Sada
La
première étape tronquée suite à la décision de neutralisation provoquée
par une nouvelle dégradation des conditions météo a créé des fractures
profondes au sein de la flotte. Il y eut les cinq rescapés de Sada, les
seuls parvenus au but fixé, isolés du reste de la flotte, partagés entre
satisfaction d’avoir été au bout de l’étape et frustrés de ne pas avoir
pu capitaliser l’avance prise sur les poursuivants. Il y eut l’immense
majorité de la flotte réfugiée à Gijon, logiquement déstabilisée, qui a
peiné pour s’arracher du grand port asturien et rejoindre Sada dans une
navigation côtière particulièrement éprouvante. A Sada, une fois toute
la flotte réunie, on pouvait compter ceux qui rêvaient d’aller en
découdre et ceux qui étaient déjà usés mentalement par une trop longue
attente.
Sortie par le haut, mais entrée en matière brutale
Ce n’est
finalement que le 13 novembre, soit un mois jour pour jour après la
date de départ de Douarnenez, que la flotte a pu quitter Sada pour un
parcours inédit à destination de Pointe-à-Pitre sans escale. Soit la
plus longue étape jamais parcourue par un Mini. Seule une porte devant
Lanzarote canalisera la flotte avant la grande traversée atlantique.
L’entrée en matière est brutale : vents de nord-est souvent supérieurs à
35 nœuds et mer démontée transforment les premiers jours de navigation
en hécatombe. Les abandons se succèdent et quelques favoris comme
Gwénolé Gahinet en prototype, Ian Lipinski ou Clément Bouyssou en série
voient leurs rêves de victoire s’envoler. Au final, ce seront les plus
prudents, ceux qui ont décidé de naviguer en conservateurs, peu toilés,
vent arrière et voiles en ciseaux qui feront la bonne opération. A
Lanzarote, ils seront prêts à batailler pour la tête de course avec un
bateau en bon état pour traverser l’Atlantique.
Le piège de Lanzarote
Pour
d’autres, l’escale à Lanzarote est devenue obligatoire, compte tenu des
multiples bobos subis (essentiellement des problèmes de safrans,
d’alimentation électrique ou de bout dehors endommagés). Mais difficile,
quand les arrivées se succèdent en nombre de s’extirper au plus vite de
l’escale et de repartir en mer. D’autant que tous savent qu’en faisant
escale, ils perdent leurs chances d’accéder au podium. Il faut donc une
sacrée volonté pour reprendre la course le mors aux dents et repartir à
l’attaque. Certains y perdront des heures précieuses, quand d’autres
finiront par jeter l’éponge.
Un Atlantique qui n’en finit pas
A la
sortie des Canaries, le tri est fait. En prototype Giancarlo Pedote,
impeccable leader, s’est débarrassé de tous ses poursuivants, sauf un
Benoît Marie qui s’accroche au tableau arrière du navigateur italien.
Derrière eux, surgissent des navigateurs qu’on n’attendait pas forcément
à pareille fête : Rémi Fermin sur un bateau qu’il a dessiné, construit
avec une économie de moyens qui force l’admiration et Bruno Garcia, qui
sur un bateau de 15 ans d’âge peut encore espérer un podium.
En série, Aymeric Belloir a creusé petit à petit l’écart sur ses deux adversaires directs, Justine Mettraux et Simon Koster.
Dès
lors, les écarts ne vont cesser de se creuser au profit des hommes de
tête. D’autant qu’une dépression viendra se mettre sur la route des
poursuivants qui subissent une double peine : non content de voir les
leaders s’échapper, ils devront lutter plusieurs jours durant contre des
vents de face ou dans la pétole, chaque journée étant entrecoupée de
grains orageux.
La Guadeloupe, terre promise
« C’était dur…
» A peine, débarqués de leur coque de noix, c’est le leitmotiv qui est
revenu le plus souvent. Pour certains, la déception du résultat
s’ajoutait à une fatigue réelle, quand d’autres se demandaient encore
comment ils avaient pu trouver le moyen puiser au fond d’eux-mêmes des
ressources jusqu’ici ignorées. Globalement, les « anciens » ont trouvé
le parcours beaucoup plus ouvert, plus stratégique que la descente vers
le Brésil qui s’apparentait souvent, sur la deuxième étape, à une course
de vitesse. Ceux qui n’avaient jamais traversé l’Atlantique ont pu
mesurer à quel point l’alizé n’est pas comme on l’imagine à tort, un
long tapis roulant baigné par un vent stable en force comme en
direction. Il reste maintenant à tirer les enseignements de cette
première édition pour l’équipe de Douarnenez Courses et l'ensemble de
ses partenaires de manière à faire que 2015 soit plus belle encore.
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