Les téméraires ont pour l’instant raison ! Partis juste après le
passage au sud de Taïwan dans une option nord assez radicale, destinée à
aller chercher une bascule de nord et à toucher les premiers un bon
flux synonyme ensuite de descente plein pot vers les îles Salomon,
AkzoNobel et Team Sun Hung Kai/Scallywag touchent après six jours de mer
les fruits de leur audace.
Ce mardi, l’équipage néerlandais mené par
Simeon Tienpont semble solidement installé aux commandes de la flotte,
d’autant que, contrairement à son rival de Hong Kong, resté démarqué au
sud-ouest, il est parvenu à se recentrer et à se positionner quasiment
dans l’axe de ses poursuivants, MAPFRE et Dongfeng Race Team, qui
accusent une grosse quarantaine de milles de retard sur lui.
Au reaching bâbord amure dans un vent de nord-est de 15-20 nœuds,
l’heure est pour l’instant à de la course de vitesse, même si, à bord
des six VO65, les navigateurs ont d’ores et déjà les yeux rivés sur le
positionnement d’un Pot-au-Noir qui les attend, par environ 2°50 Nord de
latitude, sur la route d’Auckland. A l’aller lors de la quatrième
étape, la zone de convergence intertropicale avait complètement
redistribué les cartes et permis à Team Sun Hung Kai/Scallywag, arrivé
le dernier, de réussir le hold-up parfait en coupant le fromage avant de
s’imposer chez lui. Autant dire qu’à bord du bateau battant pavillon de
Hongkong, on ne serait pas contre un nouveau coup de pouce du
Pot-au-Noir.
En tout cas, le skipper David Witt semble particulièrement satisfait
de son positionnement au sud-ouest de la flotte, alors même que le vent,
qui prend de plus en plus d’est, pourrait le contraindre à naviguer
prochainement au près serré, ce qui signifie qu’une fois de plus, il va
peut-être tenter de prendre un raccourci. « Nous sommes au coude à coude
avec AkzoNobel, en tête de flotte, cap vers le Pot-au-Noir où, je
pense, la course se gagnera ou se perdra, a-t-il commenté mardi. Ce
Pot-au-Noir va être intéressant et nous nous sommes assurés de nous
placer où nous voulions pour l’aborder, nous sommes plutôt contents de
notre positionnement. Si je devais placer le bateau à un endroit, à part
le mettre sur la ligne d’arrivée, je le mettrais exactement où nous
sommes ». Coup de bluff ou vraie confiance dans les choix, décisifs sur
la quatrième étape, de la navigatrice Libby Greenhalgh ? Réponse sans
doute d’ici la fin de semaine…
Derrière le duo de tête, on assiste à du match-racing au large entre
les quatre bateaux qui, après Taïwan, ont opté pour une route plus
conservatrice, et notamment entre MAPFRE et Dongfeng Race Team : les
deux leaders au classement général de la Volvo Ocean Race ne semblent
visiblement pas décidés à se perdre de vue, au point de naviguer ce
mardi à 100 mètres l’un de l’autre ! Match-racing également la nuit
dernière entre Team Brunel et MAPFRE, faisant dire au héros
néo-zélandais de la dernière Coupe de l’America, Peter Burling, engagé
sur le bateau néerlandais : « Nous nous sommes bien amusés, nous sommes
restés environ une demi-heure à une longueur derrière MAPFRE. Finalement
nous sommes parvenus à revenir à leur hauteur, c’était bon ».
Jusqu’à ce que MAPFRE, tout comme son « meilleur ennemi » Dongfeng
Race Team, ne décide de se décaler légèrement à l’ouest, ce que n’ont
pas su faire Team Brunel et Turn the Tide on Plastic. « Ils nous ont
tous les deux décrochés en filant à 12 nœuds vers l’ouest, nous n’avons
pas pu les suivre, c’est agaçant. Nous avons peu à peu récupéré du vent
mais MAPFRE et Dongfeng l’ont touché avant nous, ils ont pris un bel
avantage sur nous », s’est désolé Bouwe Bekking, le skipper de Team
Brunel. Les écarts restent cependant faibles (une dizaine de milles)
entre ces quatre bateaux qui, a priori jeudi, aborderont quasiment en
même temps un Pot-au-Noir qui fera sans doute des heureux et des
malheureux, reste à savoir lesquels…
Pendant ce temps en Nouvelle-Zélande, le VO65 de Vestas 11th Hour
Racing est arrivé lundi en cargo, il a été déchargé à Tauranga puis
transporté lundi soir en camion à destination d’Auckland (200 km de
route), terme de la sixième étape, où il est entré en chantier pour être
réparé. « Nous sommes contents d’apprendre que le bateau est arrivé en
Nouvelle-Zélande et que les réparations commencent, l’équipage est
pressé de revenir sur la course », a commenté le skipper Charlie Enright
depuis son domicile de Rhode Island. Pour respecter la monotypie, la
partie avant endommagée a été reconstruite dans les moules du chantier
de Persico Marine, en Italie, où ont été construits les VO65, avant
d’être livrée à Auckland où elle sera greffée sur la coque du bateau
américano-danois sous la supervision d’un expert indépendant, qui
s’assurera ainsi du respect des règles de jauge. L’équipe espère que ces
travaux seront finis à temps pour être en mesure de prendre le départ
de la septième étape entre Auckland et Itajai, fixé au 18 mars.
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